15 juin 2010 – 10ème jour
Après un bon petit déjeuner kirghize, nous partons arranger un tour pour Tash Rabat avec Kubat, le responsable du CBT local. L’affaire ficelée, nous retournons chez nos hôtes par un sentier de terre longeant la Naryn. Je fais quelques photos le long de ce chemin et croise une femme et sa fille qui me demandent de les prendre en photo. Une aubaine que ce jour! Un peu avant, un homme prenait la pose et exigeait également son portrait.
Les affaires sont rassemblées, empaquetées et attendent avec nous l’arrivée de notre chauffeur. A quelques mètres de nous, une pompe à eau d’où viennent et repartent des habitants, chaque fois un peu plus lourdement chargés. Un kirghize d’une quarantaine d’années, vêtu d'un survet' débarque à bord d’une Audi 100. Nous embarquons à bord du bolide allemand en écoutant un groupe de hard-rock russe commercial. C'est toujours mieux que la variété. Nous faisons brève connaissance et quand il apprend que nous sommes Français, il nous dit qu’il aime la musique française et surtout Alizée et Jean-Michel Jarre. Merde. Ca va peut-être dégénérer. Il s’empresse d’ailleurs à passer un titre de la chanteuse sur son mp3.
Alizée, il y a un mec à Naryn qui a au moins un titre de toi en mp3! Fonce.
C’est notre jour de chance aux chansons aujourd’hui. Heureuse Fortune, notre véhicule marque, dès la sortie de la ville, des signes de fatigues et nous sommes rapidement contraints à regagner l'office du CBT. Kubat nous trouve alors un nouveau chauffeur, et nous repartons en direction du col de Kyzyl-Bel dans une Audi 80 impeccablement entretenue. Hassan, la soixantaine soignée nous emmène à travers une route qui s'élève, offrant une vue plongeante magnifique sur les alentours. Nous croisons des campements de yourtes épars, des bergers à chevaux accompagnés de leurs chiens, menant des troupeaux de chèvres à travers de vastes plaines.Plus tard, des ingénieurs Chinois s’affairent à transformer la piste de terre et de cailloux en asphalte, plus propice à l’accélération du trafic commercial venant du col de Torugart. Le désenclavement...
En quittant après quelques heures cette grande ligne droite qui semblait devoir durer une éternité, il ne nous reste qu’une vingtaine de kilomètres à faire. Nous nous enfonçons à travers des montagnes et rencontrons nos premières marmottes, qui pullulent dans la région. C’est ensuite le tour d’un troupeau de Yaks. C'est tellement surprenant de voir ici ce groupe brouter tranquillement comme dans un safari tour que je n'arrête pas le taxi, certain d'en voir d'autres plus tard.
Après quelques kilomètres, une chaîne en métal tendue au milieu de la piste arrête le véhicule. Nous descendons. En contrebas, on aperçoit une maison derrière un cours d’eau. Une femme et un enfant arrivent vers nous. C'est la gardienne du lieu. Elle est chargée de délivrer les billets pour la visite du caravansérail en ce bel après-midi.
A nous les beautés de la route de la soie! On gagne le camp où se trémoussent de jeunes kirghizes sur de la musique techno, de jeunes. Décidément, entre les free-parties et les afters, ce pays va devenir tendance. On aurait bien écouter le silence ou le bruit du vent.
Après avoir été accueillis par les enfants du propriétaire qui n'ont pas plus de 14 ans, nous déposons nos sacs dans la yourte et filons visiter cet imposant édifice.
Un caravansérail servait d'entrepôts, d'écuries et de chambres pour les marchands de passages, entre autres à l'époque de la route de la soie. Nous avons à peine le temps de profiter du lieu. Il est rapidement investi par la poignée de jeunes kirghizes. En fait les bougres resquillent après que nous ayons fait ouvrir le lieu (mais ça on l'ignore encore). La jeunesse turbulente nous fait alors prendre un peu de distance et d'altitude sur les hauteurs du site. L'ascension nous rappelle vite que nous sommes à 3000 mètres d'altitude et c'est au ralenti que nous croquons les derniers hectomètres. Nous goûtons alors le panorama bien mérité qui s'offre à ceux qui se font un peu mal aux cuisseaux.
Pendant ce moment, on nous prépare le dîner (servi et consommé à la lueur d'une lampe à pétrole) et le gîte. On s'engouffre sous d'épaisses couvertures dans la yourte chauffée par un poêle. On remet u peu de bouses séchées dans le poêle avant de s'endormir.