Autour du caravansérail

16 juin 2010 – 11ème jour

Aujourd'hui, c'est notre étape de montagne! En matinée, les deux galettes-saucisses prennent la direction du Chatyr Köl (“le lac céleste” en Kirghize) qui se situe à 3.530 m d'altitude, et une vingtaine de kilomètres depuis le campement. Nous avançons en zigzag, forcés de contourner la montée des eaux sous un crachin breton. Les paysages sont magnifiques, et nous ne croisons qu'une seule habitation. Les Kirghizes qui l'occupent nous saluent depuis l'autre rive, impossible de serrer la pogne et de boire du thé. Nous poursuivons cette magnifique montée, pas toujours certains de la direction avec notre plan manuscrit récupéré la veille.
Heureusement, nous possédons notre anti-boussole, ma pomme. Il suffit que j'indique qu'une direction pour que la bonne soit à l'opposé. Une fois dépassée l'humiliation personnelle, c'est un outil tès fiable sur lequel on peut compter!

Le final est très escarpé, et je tente de grimper seul les derniers hectomètres dans un fort brouillard et sous la grêle. Je cale à mon tour. Nous ne verrons donc pas ce lac mais une femelle yack et sa progéniture. Superbe.
La frontière chinoise et le col de Torugat ne sont plus qu'à une vingtaine de kilomètres, là bas derrière ces montagnes.


Au retour la montée des eaux nous obligent à nouveau à zigzaguer et à emprunter parfois les flancs des montagnes, ce qui allonge le compteur kilométrique. Le soleil est bien présent sur la dernière partie du retour, nous en profitons pour nous dorer la pilule non loin d'une Lada.

En fin d'après-midi, on tend une oreille. Il nous semble avoir entendu quelqu'un de mauvais poil s'exprimer en français. Effectivement, un quinquagénaire trépigne dans son pantalon d'aventurier, sa chemise blanche et son pull rouge noué autour du cou. Il fait scandale le Jean-François Henri-Lévy, son avant-bras en sang! Apparemment le curieux avait tenté de caresser un chien de berger qu'il ne connaissait pas. Franchement, quand tu vois la taille du molosse, ce n'est pas la première chose qui te viens à l'esprit... C'était sans compter sur cet entreprenant Jean-François qui a présent n'en démord pas, bâton et pierre à la main, menaçant le chien. Il veut lui montrer qui c'est le patron, exige des excuses. « Assis! Couché! » hurle-t-il à qui veut bien comprendre la langue de Michel Sardou. Le jeune kirghize qui nous héberge est aussi gêné que nous. La jeune et jolie traductrice chinoise qui l'accompagne semble elle aussi désabusé par l'attitude de ce chevalier « françois ». Après une longue palabre, où Jean-François menaçait de ne pas quitter les lieux avant que justice ne soit faite, un compromis est trouvé. Le chien prend une énorme raclée, puis attaché jusqu'au lendemain. Le malheureux hurlera sa plainte sans trouver un écho favorable à son cas.

Jean-François, quant à lui, peut s'endormir sereinement et penser aux prochains indigènes qu'il importunera.
le cours d'eau du caravansérail de Tash-Rabat